« Il n’a pas plu depuis longtemps. L’herbe est jaune, la terre craquelée. Les arbres ont perdu leurs feuilles et vont mourir si la sécheresse continue. » Ou bien : « Un tremblement de terre va avoir lieu, il faut d’urgence aller se mettre en lieu sûr, j’essaie de prévenir les gens mais personne ne m’écoute. »
Supposons que nous nous réveillions, un matin, mal à l’aise à la suite d’un tel rêve. On peut essayer de le chasser au plus vite, « ce n’est qu’un rêve », penser à autre chose, allumer la radio… Mais si nous acceptions cette visite, aussi désagréable qu’elle soit ? « Un tremblement de terre… Et personne qui m’écoute… »
Une autre scène : « Il faut à tout prix que je traverse un fleuve mais il est très large, plein de courant et de tourbillons. Et je sais à peine nager. Il faut pourtant que j’y aille, on m’attend de l’autre côté, c’est très important ! Arrive une barque avec deux hommes qui me proposent de monter. » On peut hausser les épaules : « je ne vais jamais au bord d’un fleuve, ça n’a aucun sens. » On peut aussi le prendre avec amertume : «dans la vraie vie personne ne m’aide. » Mais on peut aussi se laisser toucher.
On le voit, on peut réagir à nos rêves de bien des façons, et l’accueil qu’on leur réserve est déterminant. Les mépriser, ou les prendre au pied de la lettre, et ils nous échappent. Et si on les rejette parce qu’ils bousculent, qu’ils nous invitent à changer, là non plus on ne les laisse pas nous atteindre. Les accepter, c’est l’essentiel.
Comme il vaut mieux accepter, dans un couple, d’écouter ce que nous dit l’autre, que ce soit ou non facile à entendre. Alors le dialogue intérieur commence à se déployer. Peut-être invisible, comme les braises sous la cendre ; ou bien sous forme de jaillissement au hasard de la journée : « une sècheresse… ma vie a quelque chose de sec en ce moment… depuis que j’ai refusé de m’installer avec Jeanne ? » ou « un des hommes dans la barque, ce n’était pas mon père, bien plus dur. Pourtant… ».
Dans tous les cas nous venons de faire un pas vers nous même. Les rêves, pour résumer, qu’ils nous alertent sur nos blocages ou nous engagent à prendre confiance, sont des germes de renouveau. Nous avons tous une forte tendance à répéter toujours les mêmes comportements depuis notre enfance, et donc à revivre les mêmes genres de situations.
Supposons que l’on ait grandi dans la peur. La peur entraîne le plus souvent l’échec, échec qui renforce encore la peur. Une ornière : plus on y tombe, et plus on la creuse… donc plus on y retombe. Un mécanisme terrible. Heureusement nous vivons chaque nuit en rêve, avec autant de force que si c’était vrai, des expériences nouvelles qui nous permettent d’évoluer. Des germes de renouveau : autant dire des trésors. On comprend que les anciens voyaient en eux des messages des dieux.
On voit ce qui nous reste à faire : les cultiver ! Seul ou accompagné, suivant notre caractère, notre intuition, et surtout la profondeur de nos problèmes et le chemin que nous désirons accomplir.
Roland CHINCHOLLE
Praticien en décodage analytique des rêves