Il y a de nombreux deuils dans la vie. La perte d’un être cher, mais aussi tous les changements de la
vie : une rupture amoureuse, la perte d’un travail, les enfants qui partent faire leur vie.
La vie est faite de moments de joie et de moments de peine. Ces derniers, même s’ils sont
douloureux, sont une invitation à plonger au cœur de soi.
- Que s’est-il passé pour vous ?
- Comment vous sentez-vous ?
- Avez-vous l’espace pour déposer ce que votre deuil vous fait vivre ?
Prendre le temps de bien finir, d’accueillir pleinement les émotions qu’un deuil engendre, est
indispensable pour entamer une nouvelle page de vie.
Le deuil d’un être cher est particulièrement douloureux. Et accueillir cette douleur est essentiel pour
se sentir plus appaisé.e, et un jour, regouter à la joie. Vous pouvez être accompagné.e pour traverser
cette épreuve de la vie. C’est ce dont je vais vous parler le jeudi 23 février 2023, lors de ma
conférence.
Mais voici déjà quelques notions que je souhaite vous partager :
Avancer ne signifie pas oublier
Un être cher vient de mourir. Les émotions du deuil sont vives, douloureuses. Les souvenirs sont si
précieux que la peur de les sentir s’effacer apparaît. Puis certains parlent d’ « avancer » et cela fait
peur, car souvent, « avancer » est associé à « oublier ».
Vivre un deuil, c’est voir se tourner une page de vie et être traversé.e d’émotions que ce changement
génère. Mais avancer ne signifie pas oublier. Cela signifie plutôt tisser un lien intérieur avec le
défunt – trouver la confiance profonde que l’être aimé est là, qu’il sera toujours là.
Et c’est un long chemin, car au début, le manque et les intenses émotions sont beaucoup plus fortes
que cette conviction intime.
C’est un processus qui prend plus ou moins de temps, comme l’arbre qui s’effeuille à l’automne, à
son rythme, avant de renaître au printemps. C’est le processus du deuil, et il est naturel.
S’engager dans un «Travail de deuil» ?
Mais l’on peut aussi choisir consciemment de prendre soin de ce que le deuil suscite en nous, toutes
les émotions, les doutes, les peurs. Faire ce choix conscient, c’est commencer un Travail de deuil.
Pourquoi entamer un travail de deuil…
…alors que le processus de deuil est naturel ?
Parce que souvent, cela permet à la cicatrice de mieux cicatriser. Christophe Fauré, dans son livre « Vivre son deuil au jour le jour » donne cette image très parlante : Lorsqu’on a une blessure, on peut attendre qu’elle se guérisse d’elle-même (et c’est parfois long et laborieux) – c’est le processus du deuil – ou on peut choisir d’aller voir un médecin qui saura comment prendre soin au mieux de cette blessure, pour qu’elle guérisse bien – c’est le travail de deuil.
Car les émotions d’un deuil sont souvent entremêlées avec des expériences plus anciennes, des
souvenirs plus ou moins joyeux, parfois mêmes douloureux, de sa propre histoire. Être
accompagné.e par un.e thérapeute permet alors de prendre soin des émotions traversées mais aussi
de son propre passé qui refait surface à travers ce deuil.
Et accueillir ce passé aide à mieux vivre le présent.
L’art-thérapie : Les couleurs pour apaiser et honorer
Quelle est la couleur de votre tristesse ? Et la colère que vous ressentez au fond de vous, quelle est
sa couleur ? Et vos regrets, à quoi ressemblent-ils ?
Là où les mots sont parfois maladroits pour exprimer le mélange des émotions ressenties lors d’un
deuil, les couleurs peuvent aider à exprimer le vécu intérieur car elles véhiculent une ambiance,
elles sont un langage universel. En choisissant les couleurs et les formes de votre image, c’est
comme si vous veniez écouter attentivement votre souffrance. L’écouter et l’exprimer à travers une
image permet un début d’apaisement.
Les couleurs permettent aussi de raconter la personne que vous avez perdue et d’honorer la relation
qui vous unissait.
Par exemple, la relation peut être représentée en peinture par une rivière. Cette rivière peut
ressembler parfois à un torrent, d’autres fois à un long fleuve tranquille, des cailloux peuvent lui
faire barrage, etc. Les images parlent et permettent de faire le point : Qu’avez-vous vraiment vécu
avec cette personne ? Que souhaitez-vous garder de ce lien ?
Ainsi, ce travail vient toucher plus vaste que le deuil lui-même. C’est un moment qui permet de se
retourner sur ce qui a été vécu, parfois pendant des dizaines d’années. Des guérisons du cœur
peuvent émerger, car en prenant soin de ses propres émotions, ce sont toutes les expériences
douloureuses de l’existence qui resurgissent, car la vie appelle à se déployer, et chaque épreuve est
une opportunité pour grandir.
Léna Jourdan, Art-thérapeute