L’humour, cet amuseur, est le compagnon de l’homme depuis bien longtemps. Le rire est souvent lié au décalage, qu’il soit déclenché par une certaine distorsion de la réalité, ou qu’il permette de prendre du recul vis-à-vis d’une situation tournée en dérision. On peut rire de quelque chose, voire même rire de nos difficultés plutôt que de les laisser nous submerger. On peut aussi s’amuser à faire rire et également choisir de rire de soi, avec un peu d’autodérision, en désamorçant la gravité ou l’inflexibilité de notre attitude.
Chacun a dans la tête quelques moments délicieux où des éclats de rire ont égayé sa vie : expressions ou situations drôles, histoires plus ou moins cocasses, sketches d’humoriste, remarques spontanées d’un enfant… Il y a peu d’exemples universels, tant le rire est propre à chacun. Et puis, il y a ce que l’on a oublié : cette bonne blague que l’on voulait pourtant raconter à d’autres et que l’on n’a pas su retenir…
La plupart des gens apprécient de rire, pourtant la majorité reconnaît ne pas rire assez. La durée moyenne de rire en France serait estimée à 3 minutes par jour, elle aurait été divisée par dix en 50 ans.
Dès son plus jeune âge, un enfant rit spontanément, mais cette tendance diminue une fois adulte : les préoccupations, le stress… nous éloignent de cette capacité. Pourtant, l’humour apporte de la légèreté et constitue une inépuisable et gratuite source de plaisir.
De nombreuses manières d’être ont été inculquées dans l’espace familial, elles peuvent également être le fruit d’expériences ; personne n’est fondamentalement démuni d’humour, chacun peut s’en imprégner en se rendant réceptif. Le plus grand empêchement est
de croire fermement ne pas en avoir, ou ne pas s’autoriser à en faire, parce que l’on a intégré très tôt que « la vie c’est très sérieux ».
Lorsque l’on sait que « faire la gueule » mobilise presque deux fois plus de muscles que sourire, on se demande pourquoi l’on choisit
de se fatiguer !
D’autant que les bienfaits qui sont attribués au rire sont multiples :
- auto-massage abdominal, apaisement de tensions, diminution du stress, apport énergisant
- rôle dans l’équilibre émotionnel, insufflateur de joie de vivre et effet anti-déprime
- réduction de la perception de la douleur (c’est pourquoi notamment certains clowns au nez rouge se donnent en spectacle dans les hôpitaux pour enfants) possible renforcement du système cardio-vasculaire, selon l’étude menée par l’Université Maryland à Baltimore
Autant d’apports qui contribuent à une vie plus gaie et vraisemblablement à une plus grande longévité.
La gaieté est une étape facilement accessible. Faites l’expérience de sourire aux personnes que vous ne connaissez pas, elles souriront pratiquement toutes en retour et cela sera source de contentement. Nous avons une capacité à induire la gaieté ; sourire, c’est déjà se mettre dans une disposition positive.
L’humour éclaire les moments sombres et fait briller les moments heureux : exprimez votre joie, repérez de manière sélective le positif, ce qui est source d’amusement et valorisez-le ! Soyez des chercheurs de rayons de soleil, des faiseurs d’étincelles !
L’humour est un jeu où tout le monde est gagnant et auquel tout le monde peut prendre part. Et si vous considériez votre vie comme un terrain de jeu ? N’est-ce pas une belle manière de l’aborder ? Certes, cela n’empêchera pas, parfois, de chuter, d’avoir mal, d’être sur le banc de touche ou de perdre la partie, mais au moins vous aurez l’impression d’être acteur, de vibrer physiquement et émotionnellement.
Envisager une relation de couple sur ce mode est un atout majeur pour fluidifier les échanges :
plutôt que : « Tu avais dit que tu mettrais en marche le lave-vaisselle à 21h », il est possible de préférer « J’ai vu le lave-vaisselle qui était en méditation, il se demandait à quelle heure il allait se reconnecter ! »
ou si des objets ne sont pas rangés : « Combien vais-je mettre de temps pour trouver la paire de ciseaux ? 5 minutes,
10 minutes ou 15 minutes ? ».
Ainsi les choses sont dites de manière « entendable » et ne donnent pas lieu à des réactions négatives, bien au contraire… Il est possible d’en jouer et d’être enjoué. Le ludisme est un mode relationnel profitable et confortable car facteur d’une meilleure qualité de vie.
L’humour change et nous change.
Rire ensemble, et non pas rire au détriment de l’autre, est un beau partage qui permet de
se sentir plus proche.
La malice est un délice, l’occasion de se reconnecter avec le côté rieur de son enfant intérieur. Les secousses créées par un fou-rire libérateur représentent des vibrations de vie, un petit séisme de pur bonheur amplifié. Que c’est bon de rire ensemble et de faire rire ou d’entendre rire les gens que l’on aime. Il est possible ainsi de mesurer son action sur le positif, là où l’on ne cesse de porter l’attention sur le négatif.
« Un sens de l’humour bien développé donne plus d’équilibre à nos pas sur la corde raide de la vie. » William A. Ward, égyptologue.
Rire est un art d’être au monde qui se cultive tout le temps. Le pratiquer régulièrement, c’est devenir plus performant. Il existe même des ateliers et des clubs de rire qui permettent de stimuler sa propre capacité à rire. C’est en plaisantant que l’on devient plaisantin ! Et c’est en cultivant de petites joies que l’on s’ouvre à en vivre de plus grandes.
Josiane GONARD
Praticienne de la relation d’aide
Meylan