L’analyse de la généalogie des victimes d’agressions sexuelles révèle souvent des dysfonctionnements familiaux touchant à la violence et à la sexualité. Pour s’en libérer, il est important de repérer dans l’arbre généalogique les structures psychiques qui se dupliquent et de les « nettoyer » pour retrouver ses élans et désirs de vie.
Viol et pédophilie… Vieux comme le monde ? Certes, mais souvenez-vous de ces évènements survenus ces 10 dernières années… En 2009, l’Irish Times (Irlande) mentionne 320 plaintes contre 46 prêtres auteurs d’abus sexuels. Le 18 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est impliqué dans une affaire d’agression sexuelle à New York. En 2016, les harcèlements d’un député écologiste sur 8 élues et le viol de Flavie Flament ont défrayé la chronique. La même année, le film Spotlight relate le scandale d’abus sexuels à Boston (plus de 90 prêtres). Le 21 mars 2017, Cash Investigation va dans le même sens avec « Pédophilie dans l’Eglise : le poids du silence ». Citons enfin Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui admet « un réveil tardif » face aux abus sexuels commis par des prêtres.
Ajoutons un dernier élément… Le 11 mars 2013, l’association « Stop aux Violences Sexuelles » (SVS) a été créée et une antenne SVS Isère vient de voir le jour (juin 2017). S’appuyant sur le constat « qu’une femme sur 4 et un homme sur 6 sont abusés », SVS affiche clairement la nécessité d’installer un « maillage thérapeutique national animé par des professionnels multidisciplinaires » en citant les thérapies psychocorporelles, l’art thérapie, l’EFT, les approches transgénérationnelles…
J’aimerais développer ici l’intérêt de l’analyse transgénérationnelle qui s’est créée dans le prolongement de la psychogénéalogie d’Anne Ancelin Schützenberger, avec aujourd’hui les approches novatrices de Bruno Clavier. Et dire pourquoi, c’est à la fois un outil de compréhension et de mieux-être des souffrances générées par les agressions sexuelles. En effet, depuis une dizaine d’années, on assiste à des évolutions notoires qui précisent qu’il y a transmission de génération en génération de l’énergie de l’inconscient familial et des événements traumatiques. L’épigénétique apporte même une caution scientifique à cette réalité (voir sur Internet : Epigénétique transgénérationnel Houssin).
Comment travaille t-on en analyse transgénérationnelle ? Pour faire court, disons qu’on traque les fantômes dans les arbres généalogiques, où tout doit être noté : dates de naissance, de décès, de mariage, mais aussi tout ce qui a pu fragiliser la vie des familles : fausse-couches, avortements, suicides, décès d’enfants, crimes, adultères, internements psychiatriques… Cet arbre se fait avec la mémoire des vivants et se poursuit sur internet, où les archives départementales en ligne permettent de reconstruire les familles en incluant toutes les fratries.
Le fantôme transgénérationnel
Le fantôme transgénérationnel est une structure psychique et émotionnelle parasite, portée par une personne, acteur ou victime d’un drame créant un traumatisme, souvent lié à la sexualité ou à la mort, qu’elle ne sait ni métaboliser, ni dépasser. Il génère un vide représentationnel chez certains descendants qui sentent un problème sans pouvoir en cerner les contours. Ce drame et les émotions associées est bien porté par un ancêtre, mais il est caché (car impossible à métaboliser) et transformé en secret pour les générations futures. Comment se signale t-il dans les arbres ? La plupart du temps, il se manifeste par des paroles et des actes bizarres, par des symptômes phobiques et obsessionnels, comme si un descendant était hanté par quelque chose appartenant aux générations qui l’ont précédé. Mais il se repère surtout par la répétition. De quoi ? De dates! De prénoms ! De similitudes qu’on pourrait croire être le fruit du hasard.
On le sait aujourd’hui, la parole et la conscience libèrent, surtout quand on connaît les amnésies très longues et douloureuses que génèrent les agressions sexuelles. En cela, Jung avait raison : « tout ce qui ne remonte pas à la conscience, se répète sous forme de destin ». Et ce qui libère, c’est de prendre conscience pourquoi nous obéissons à des injonctions ancestrales qui conditionnent nos vies et qui nous font rejouer des histoires écrites par d’autres, des jeux de bourreaux-victimes. Surtout lorsqu’on sait, notamment au travers du transgénérationnel, qu’un abusé a devant lui deux destins possibles : abusé ou abuseur, avec un joker tout aussi redoutable : vivre à côté de soi, survivre, s’excuser de vivre… Et aujourd’hui, nos cabinets sont pleins de personnes qui vivent à côté d’eux-mêmes!
Le fantôme transgénérationnel porté par un ancêtre, est un vide de représentation pour ses descendants qui sentent un problème sans pouvoir le nommer.
Jean-Yves Catherin
Thérapeute psychocorporel transgénérationnel
Psychogénéalogie – Transgénérationnel
Thérapie de l’Enfant Intérieur
Respiration consciente rebirth
Comment une relation incestuelle inconnue des
descendants peut mener à une relation incestueuse